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Définitions des produits
Ecstasy
ecstasy

 

 

 

 

 

 

 

 

Du MDMA à L'ecstasy

 

Il s'agit à l'origine d' un médicament synthétisé en 1912 et breveté en 1914 par le laboratoire Merck qui fut peu ou pas utilisé ,ou alors de façon expérimentale sur certains soldats des troupes allemandes lors de la première guerre mondiale pour ses propriétés anorexigènes et stimulantes. En 1950, l'armée américaine s'intéresse à ce produit et se livre à son tour a des expérimentations. Dans les années 70, le biochimiste Alexandre Schulgin resynthétise a nouveau la molécule. Le but étant de l'utiliser comme désinhibiteur dans le cadre de psychothérapies. Les recherches sur les effets du produit se développent, notamment dans le domaine de la psychiatrie. Au début des années 80, des étudiants américains, consommateurs de cette substance, lui donnent le nom d'Ecstasy (ravissement, transport de joie...) Le produit va se répandre en Grande-Bretagne et enfin gagner les autres pays d'Europe par le biais du tourisme et des premiers rassemblements festifs.

 

QUÂ’EST CE QUE C'EST ?

Sous le nom d'ecstasy se cache généralement le  3-4 Méthylène-dioxyméthamphétamine (MDMA), une substance appartenant à la famille des phényléthylamines ; mais aussi de nombreuses substances dérivées ou proches chimiquement : MDA, MDEA, MMDA, DMMDA, PMA, TMA, DDPR,DOB, DOET, DOM, 2CB ...Il serait donc plus juste de parler des ecstasys,devant les multiples produits pouvant entrer dans la composition d'un comprimé vendu sous cette appellation, sachant aussi que certains comprimés ne contiennent pas lÂ’ombre dÂ’une molécule de MDMA. L'ecstasy est un entactogène  ou empathogène , il donnerait l'impression de pouvoir se mettre à la place d'autrui, améliorant ainsi la capacité à entrer en relation avec les autres (empathie) « Je ressens ce que tu ressens, je te comprends, nous ne faisons qu'un ».

Pharmacologiquement, l'ecstasy se comporte comme une amphétamine et un hallucinogène :

-Effet sérotoninergique se traduisant par une libération massive de sérotonine avec inhibition de sa synthèse et un blocage de sa recapture entraînant des effets hallucinogènes LSD-like

- Effet stimulant sur le système dopamine et noradrénaline se traduisant par une action psychostimulante amphétamine-like. 

 

DENOMINATIONS :

Les noms pour parler de l'ecstasy sont multiples : E, X, XTC TAZ, Ecta, Pilule d'amour, Chamalow, cochon rose ou tout autre nom lié au dessin figurant sur le comprimé (Mitsubishi, couronne, euro, 007, poisson ...)

 

ASPECTS, MODE DE CONSOMMATION :

L'ecstasy se présente sous forme de comprimé (plus rarement de gélule) de couleur variable (blanc, bleu, rose...) orné d'un motif ($, dessin géométrique, logos, personnage de BD...) qui serait censé donner la nature du produit (composition, effets)

Dans la réalité, il s'agit d'une garantie illusoire pour l'usager : deux comprimés de même couleur et avec le même dessin n'ont pas forcement la même composition et donc des effets et une toxicité différente.

Le prix moyen d'un comprimé d'ecstasy est de 15 € , voir un peu plus si le produit est censé être de « qualité » en provoquant un maximum d'effets.

Associé au milieu festif et à la musique techno, l’ecstasy est prise par voie orale (on dit « GOBER») le plus souvent en groupe dans le cadre de soirées « rave », mais plus largement aussi dans les discothèques, réunions festives et dansantes entre amis, les bars « branchés » voir dans les stades lors de manifestations sportives (en Italie notamment).

Toutefois, la consommation hors milieu festif collectif existe. Un usage répétitif  (3 à 4 fois par semaine, voir plus) et solitaire commence à voir le jour laissant plus à penser à un usage toxicomaniaque que récréatif.

La composition d'un comprimé est très variable, pour le MDMA la teneur va de quelques milligrammes à  200mg par comprime.

Enfin l'âge de la première prise de ce produit tend à diminuer : près de 4 pour cent des garçons scolarisés de 14 à 18 ans ont déjà « gobé» au moins une fois de l’ecstasy.

 

EFFETS

Vu le cadre principal d'utilisation (raves), les consommateurs d'ecstasy sont à la recherche d’énergie, de performance et de la suppression de leurs inhibitions (blocage .défenses ...)  A ceci s'ajoute l'aspect empathogène du produit : la relation a un  autre est plus facile. Comme pour la plupart des drogues, les effets varient en fonction, de la vulnérabilité du sujet, du contexte d'utilisation et de la tolérance développée au produit.

Dans les 30 minutes qui suivent la prise, le consommateur traverse une période de désorientation durant environ une demi-heure avec des mouvements de crispation spasmodique, en particulier au niveau de la mâchoire (trismus), il s’en suit une période de stimulation euphorique : abolition de la sensation de fatigue, de faim, une augmentation du tonus musculaire, une amélioration des performances physiques, et l’envie irrépressible d'avoir des mouvements répétitifs en accord avec la musique ambiante .

Sur le plan psychologique, l'anxiété des premiers instants est suivie d'une sensation de bien-être et de plaisir, de liberté dans la relation avec les autres, de modifications des perceptions sensorielles : sensualité exacerbée

.besoin de contacts physiques.

Enfin, des troubles de mémoire apparaissent, la notion du temps est perturbée. L'ecstasy, quand il s'agit bien de MDMA ou de produit de la même famille, n'entraîne pas d'hallucinations visuelles. mais plutôt des distorsions des perceptions auditives et du toucher. Contrairement à une idée répandue, l'ecstasy n'a pas d'effet aphrodisiaque, c'est plutôt la sensualité qui est majorée. Ces effets durent de 3 à 6 heures pour une dose moyenne de l00mg de MDMA ; il est donc fréquent de multiplier les prises lors de rave-party afin d'être sous produit durant toute la fête et être capable de tenir pendant parfois plus de 24 heures.

 

RISQUES ET DANGERS

Sur le plan somatique :L'hyperthermie est le risque majeur pour le consommateur : l'ambiance des raves  avec la  foule, la température élevée ,lÂ’activité physique intense et prolongée,la déshydratation,la consommation de boissons énergétiques riches en acides aminés ( smart drinks) en font un contexte particulièrement potentialisateur de la toxicité de l'ecstasy  ( le MDMA pouvant à lui seul provoquer ce type de troubles ).

3 à 4 heures après la prise, les symptômes apparaissent en quelques minutes après une période d'agitation, de sudation intense, de variations tensionnelles et d'accélération du rythme cardiaque. La température monte à plus de 40°, le sujet perd connaissance,il peut être pris de convulsions avec trismus et de mydriase réactive .Il s'agit d'une urgence vitale nécessitant une prise en charge médicale (réanimation, injection de dantrolène ...)Si les formes mineures peuvent régresser rapidement, les formes fulminantes peuvent entraîner la mort en quelques instants. L'hyperthermie n'est pas liée à la dose ingérée : quelques milligrammes peuvent suffire. De même, elle peut survenir après de multiples prises bien tolérées par le passé. Il s'agirait d'une vulnérabilité du sujet apparaissant dans certains contextes d'environnement et d'utilisation du produit.

Les conseils donnés aux utilisateurs : hydratation régulière et temps de repos semblent être un minimum, sans toutefois donner la garantie d'échapper à ce type d’accident.

Enfin l’hyperthermie peut être associé à une rhabdomyolyse, à une coagulation intravasculaire disséminée et à des défaillances viscérales multiples :

-des hépatites surviennent au décours d’un syndrome hyperthermique, mais aussi apparaissant de façon isolées .plusieurs jours après la prise du produit avec cytolyse, insuffisance hépato-cellulaire et encéphalopathie. A noter qu'un usage répété de MDMA peut entraîner une stéatose voire évoluer vers une cirrhose du foie.

-des néphrites : occasionnés par la déshydratation et aussi par les substances associées au MDMA sont possibles.Les risques ne se limitent pas à l'hyperthermie ;

-Hypertension et arythmie cardiaque, associés à des troubles de la coagulation peuvent être responsables d'hémorragies cérébrales.

-Troubles métaboliques : hyponatrémie évoluant en encéphalopathie pouvant passer inaperçue car ces manifestations évoquent le sommeil.

-Enfin des troubles neurologiques à type d’accidents ischémiques cérébraux, hémorragies et thromboses peuvent survenir ; sans doute dans le cas d'association à d'autres drogues.

Sur le plan psychique :

-des réactions aigues : à type de crise dÂ’angoisse, voire attaque de panique ne sont pas rares. Elles peuvent s'accompagner de réactions violentes (passage à l'acte possible) avec des expériences douloureuses avec sentiment de bizarrerie, d'étrangeté et de transformation corporelle proches de la psychose : «je sentais mon corps se déformer et partir dans tous les sens... »

-des réaction à plus long terme :dans les jours qui suivent la prise dÂ’ecstasy  le consommateur à une sensation de « gueule de bois » des douleurs musculaires à la mâchoire en particulier ,une somnolence ,des difficultés à se concentrer ,des troubles mnésiques et des variations de lÂ’humeur (dysphorie ).

Pour certains usagers, un état confusionnel avec anxiété et insomnie peut durer plusieurs semaines même si la prise d'ecstasy était limitée à un seul comprimé. Pour d'autres un état dépressif plus ou moins grave peut survenir, accompagné d'angoisse et de troubles du sommeil. Enfin, des perturbations durables ont été décrites chez des consommateurs d'ecstasy  (ou drogue présentée comme telle) ; des  troubles dÂ’allure psychotique plus ou moins sévère nécessitant parfois une prise en charge en structure spécialisée peuvent apparaître .La neurotoxicité de lÂ’ecstasy est actuellement lÂ’objet de recherches et de débats. Une altération du système sérotoninergique observée chez lÂ’animal serait peut-être transposable à l'être humain.

 

CONCLUSION : Né au début du 20ème siècle, le MDMA a trouvé sa place dans le catalogue des drogues utilisées en ce début de 21ème siècle. L'ecstasy du départ (MDMA) s'est enrichi de molécules imaginés par les « désigner-drugs » (il sÂ’agit de, narcochimistes « bricolant » de nouvelles molécules non répertoriées, ce qui permet d'échapper a la législation). Il n'est pas rare que le produit vendu sous le label «ecstasy» soit un cocktail de substances tout aussi toxiques : LSD, kétamine, caféine ,éphédrine anabolisants, analgésiques , antipaludéens, «benzos»,antidépresseurs,amphétamines....La dangerosité de l'ecstasy est bien réelle. Les associations auto-support, les structures présentes sur les lieux de consommation mettent en place des actions : information, testing des produits (MDMA ou pas), chill-out room (lieu de repos tempéré), parfois une antenne médicale. Pourtant, les médias se font l'écho chaque année du décès d'utilisateurs de ce type de produit pris seul ou en association avec d'autres substances. La consommation d'ecstasy a évolué, elle n'est plus réservée au milieu festif des raves, un usage régulier pose la question de la dépendance psychologique. Enfin, ecstasy et cannabis sont les substances illicites les plus consommées par les plus jeunes (adolescents) .La banalisation du produit a occulté ses dangers, a moins que la prise de risque volontaire en soit lÂ’intérêt.    

J.M.S         

 


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