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Définitions des produits
CANNABIS
feuille de cannabis

 

Cette substance fait partie du groupe des substances psychoactives hallucinogènes. Le cannabis sativa ou chanvre indien est une plante connue depuis des millénaires.  Cultivée en tant que source de fibres pour la production de cordages, sa résine fut également utilisée à des fins médicales et récréatives en Chine, en Inde et dans le monde islamique. On y recourait en médecine traditionnelle en tant que spasmolytique, hypnotique et analgésique.

Introduit en Europe au début du 19ème siècle par les soldats de Bonaparte et par des médecins anglais de retour des Indes, le cannabis fut également utilisé en médecine (traitement des migraines, asthme, épilepsie).  Le cannabis a été célébré dans la littérature par Baudelaire et ses contemporains.

Au cours des décennies 60-70, la consommation a été revendiquée par une partie de la jeunesse dans l'élan d'une mouvance culturelle.

Le cannabis se présente sous 3 formes différentes :

- l'herbe (les feuilles, les tiges et sommités fleuries séchées), appelée également Marijuana dans les trois Amériques, Kif au Maroc, Ganja en Inde (4 à10% de principe actif).

- le haschich (“herbe” en arabe) est la résine de la plante.  Il s'obtient en raclant les feuilles et en y ajoutant la poudre obtenue des plants séchés et secoués.  Il se présente sous la forme de plaques compressées, de couleur verte, brune ou jaune selon les régions de production (10à40% de principe actif).

-  l'huile de cannabis, plus rare, est une préparation très concentrée en principe actif (30 à 80%).

 

Le cannabis est généralement fumé seul (herbe) ou mélangé à du tabac. il peut également être mangé sous forme de gâteaux ou d'autres préparations.

 Les effets psychotropes du cannabis sont connus depuis plus de 5000 ans (décrit en Chine en -2700). Ces effets varient suivant la dose mais aussi suivant la voie, la fréquence dÂ’absorption, la personnalité et les attentes du sujet. La consommation est le plus souvent collective et il est important de prendre en compte les manifestations liées aux phénomènes de groupe décrits par les participants. Ces phénomènes ont été étudiés et décrits dès le XIXe siècle notamment par Moreau de Tours (1854).

 

Ces effets peuvent se résumer comme suit :

Les effets dÂ’une dose fumée (5 à 10 mg de principe actif dans une cigarette de marijuana) sont généralement modérés pour un adulte en bonne santé. On observe un état dÂ’euphorie accompagné dÂ’une tendance au rire facile et peu motivé, dÂ’un sentiment de relaxation, de légèreté, de flottement, dÂ’apaisement puis dÂ’une légère somnolence. 

 

La dangerosité potentielle tient à la diminution du “libre arbitre”, lorsque les doses augmentent, accompagnée d’une impulsivité et d’une sensation que tout est possible et facile à réaliser. Sont observées enfin une modification des élans affectifs associée à une intensification des perceptions sensorielles et une augmentation de la sensibilité aux stimuli extérieurs. L’audition paraît plus discriminative, le toucher serait plus sensible...

 

Certains effets observés dans le cadre de consommations répétées ou excessives semblent pouvoir se chroniciser. Citons entre autres, une modification, une distorsion de la perception du temps vécu, qui paraît plus ralenti, associées à une altération de la perception des données spatiales. On imagine aisément la dangerosité manifeste lorsque le consommateur prend alors le volant ou lorsquÂ’il est amené dans un cadre professionnel ou personnel à utiliser des machines ou certains outils. Ainsi peut être fait un parallèle avec la pathologie alcoolique.  

D’autres effets comme une attitude de somnolence, de léthargie ou de retrait de la réalité peuvent être constatés. Cette apathie peut aboutir sur un syndrome amotivationnel. Il se caractérise par un émoussement des intérêts intellectuels, affectifs, relationnels, une inertie physique et psychique, un ralentissement intellectuel, une indifférence affective, des troubles mnésiques, une asthénie et réduction de l’activité. Ce syndrome s’aggrave souvent lors des syndromes de sevrage et il pousse parfois le toxicomane à recourir à des substances stimulantes.

 

           A fortes doses, il peut arriver que le sujet connaisse des épisodes de dépersonnalisation cÂ’est-à-dire quÂ’il va présenter des troubles de la conscience de lui-même (perte de sa propre identité, non reconnaissance de ses propres idées, de ses propres pensées, doute sur lÂ’appartenance personnelle de certains souvenirs...) des troubles de la conscience du corps (sentiment d’étrangeté, sentiment de non appartenance...) très souvent associés à une déréalisation (les éléments de vie, lÂ’entourage, le milieu semblent moins familiers au patient). 

Des illusions et des hallucinations peuvent apparaître. Des épisodes délirants à thème de persécution principalement peuvent réaliser un tableau de bouffées délirantes aiguës. Une charge émotionnelle et anxieuse majeure sÂ’associe aux manifestions cliniques précédemment citées. La crainte de “ devenir fou ” est courante. Souvent les épisodes délirants ont un aspect plus chronique et la résolution de la phase aiguë est très souvent imparfaite, incomplète, longue et signe un pronostic très réservé voire très pessimiste. Ces effets sont fortement liés à la personnalité du patient, à ses attentes, à la quantité ou à la densité de principe actif dans les produits consommés.  Ces manifestations psychotiques sont plus nombreuses et tendent à augmenter depuis ces dernières années.

 

  Des effets analgésiques ont été décrits et étudiés depuis une quinzaine dÂ’années mais il faut rappeler la controverse qui accompagne ces recherches.

 

- Parmi les principaux effets physiques du cannabis, sont retrouvés une tachycardie, une diminution de la salivation avec sécheresse de la bouche, de la langue et de la gorge, un gonflement des vaisseaux sanguins de la conjonctive et des paupières.

Le principe actif est le  delta-9-tétrahydrocannabinol (THC). Il existe dÂ’autres composés actifs comme le Cannabidiol et le Cannabinol. Par ailleurs les modalités dÂ’action ont été étudiées en faisant appel à des composés synthétiques agonistes 10 à 100 fois plus actifs que le THC (lévonantrodol, nabilone, le CP 55940...)

Il n’existe pas de tolérance à proprement parler. On décrit une tolérance croisée avec l’alcool, avec les tranquillisants et les morphiniques. La question de la dépendance physique est controversée. Certains auteurs décrivent un syndrome de sevrage qui comprend : une hyperthermie, des tremblements, des spasmes musculaires, un état pseudo-grippal, des manifestations d’angoisse, des troubles du sommeil. Les modèles animaux de laboratoire ont montré que la dépendance et les syndromes de sevrage sont plus nets avec le THC qu’avec le Haschich. La dépendance psychique est incontestable. Elle est certainement moindre qu’avec les opiacés compte tenu de la moindre importance des effets euphorisants.

 

A l'heure actuelle, la consommation de cannabis touche tous les âges et se pratique dans des réseaux de convivialité pour une recherche de plaisir et de détente.  Parallèlement la consommation solitaire se répand également chez les adolescents et doit être perçue comme un appel au secours.

 

Quelques arguments en faveur du maintien de la loi en vigueur (loi de 1970)

- la prohibition s'inscrit dans les missions de l'État qui doit protéger le citoyen.  La Loi a pour fonction de protéger les individus les plus vulnérables en leur rappelant par l'interdit ce qui est nuisible à leur intégration dans la société.  Tous les psychiatres reconnaissent que l'interdit a un effet structurant,

- l'usage et le trafic des drogues ne connaissent pas de régression importante dans les pays qui ont opté pour la dépénalisation (ex. : l'Italie). 


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